- gouge
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• XIVe; bas lat. gubia → gouet♦ Techn. Outil creusé en canal, à bout tranchant et courbe. Gouge de menuisier, de sculpteur, de graveur.gougen. f. TECH Ciseau droit ou coudé à tranchant semi-circulaire.I.⇒GOUGE1, subst. fém.A. — Région. (Sud-Ouest). Servante. Elle avait été à douze ans servante de métayer, domestique de domestiques, ce qui s'appelle dans la Lande une gouge (MAURIAC, Génitrix, 1923, p. 381).B. — Vieilli. Femme de mauvaise vie. Bayadère sans nez, irrésistible gouge (BAUDEL., Fl. du Mal, 1861, p. 170). Mouds-la, meunier, et fais de la farine rouge, Du fard pour la catin, et du fard pour la gouge (MORÉAS, Cantil., 1886, p. 186).Prononc. : [gu:z]. Étymol. et Hist. 1456-67 « fille, femme portée à l'amour » (Cent nouvelles nouvelles, éd. F. P. Sweetser, I, 27, p. 23). Empr. à un dial. d'oc (a. béarnais goge « fille, femme non mariée » XVe s. ds LESPY-RAYM., s.v. gouge; a. prov. gouge 1473 ds PANSIER t. 3, p. 94; a. gasc. goya, gotya « fille » 1483 ds P. DRUILHET, Archives de la ville de Lectoure, p. 117 et 118), de l'hébr.
« chrétienne, servante chrétienne », fém. de
(goy). V. FEW t. 4, pp. 190-191, s.v. goja. Bbg. SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 184, 190; t. 3 1972 [1930], p. 367.
II.⇒GOUGE2, subst. fém.TECHNOL. Ciseau en forme de gouttière, à bout tranchant et courbe, utilisé par les artisans ou les artistes travaillant le bois, le métal et la pierre, pour tailler les contours des pièces à façonner. Gouge de forgeron, de menuisier, de sculpteur. Gouge de tourneur (cf. NOSBAN, Manuel menuisier, 1857, p. 131). Pour le noyer, par exemple, dont la contexture très serrée permet un beau travail de taille, on peut terminer aussi bien à la gouge qu'au ciseau. Le noyer est un bois demi-dur. Les bois très durs, comme le buis et le chêne, ne se peuvent achever qu'au ciseau. Les gouges trop fines cassent (Arts et litt., 1935, p. 22-3). V. aussi besaiguë ex. 2 :• Un artiste est en vous [les chirurgiens] à l'état nécessaire. Je ne parle pas de ceux dont le crayon, ou la plume ou la gouge s'exerce aux œuvres d'art : il y aurait à dire sur eux (...). Mais à présent, je parle de votre art propre, de celui dont la matière est la chair vive...VALÉRY, Variété V, 1944, p. 54.— En partic. Tranchant à l'aide duquel le cordonnier creuse les talons des souliers. (Dict. XIXe et XXe s.).— CHIR. ,,Ciseau à os à lame creuse, dont la section est un arc de cercle`` (Méd. Biol. t. 2 1971).REM. Goujon, subst. masc., sculpt. ,,Petite gouge du sculpteur`` (Ac. 1932).Prononc. : []. Étymol. et Hist. 1344 « ciseau à tranchant arrondi » (Trav. aux chât. des comtes d'Art., A.N. KK 393, f° 96 ds GDF. Compl.). Du b. lat. gulbia, gubia « id. », d'orig. prob. celt. (Romania t. 4, pp. 358-359; HOLDER, col. 2043-2044). Bbg. BUGGE (S.). Étymol rom. Romania. 1875, t. 4, pp. 358-359.
1. gouge [guʒ] n. f.ÉTYM. 1344; du bas lat. gubia, gulbia « burin ». → 1. Gouet.❖♦ Technique.1 Outil creusé en canal, à bout tranchant et courbe. || Gouge de bourrelier, de charron, de chaudronnier, de ferblantier, de forgeron, de menuisier, de sculpteur, de sabotier. || Gouge de charpentier servant à évider le bois, à faire des cannelures (⇒ Goujure). || Gouge de cordonnier, pour creuser le talon des chaussures. || Gouges et ciseaux.0 Maintenant, d'Ulysse, il ne restait plus sur le bois froid que les traces des rabots et des gouges, mais elles suffisaient pour évoquer l'ouvrier et son nuage de jurons (…)J. Giono, Naissance de l'Odyssée, p. 111.♦ Méd. Ciseau à tranchant semi-circulaire qui sert à ruginer les os et à enlever les exostoses. Outil d'horloger pour faire les rainures circulaires.➪ tableau Lexique de la chirurgie.➪ tableau Noms d'outils.2 Rainure circulaire (en horlogerie).❖DÉR. Gouger, gougette, 1. goujon, goujure.————————2. gouge [guʒ] n. f.ÉTYM. Av. 1493; anc. gascon gotja « servante, fille », de l'hébreu gōya (→ Goujat), fém. de gōy (→ Goy); P. Guiraud attribue la même orig. à 2. gouge qu'à 1. gouge (« objet courbe ») d'après le sémantisme « mal développé » qui caractérise selon lui le « jeune apprenti », la « jeune servante ».❖1 Pop. et vx. ⇒ Femme, fille. — Mod. Rare. Prostituée.1 (…) assez belle, mais mal tenue, l'air un peu gouge avec des yeux de folie.J. Lemaître, les Rois, p. 183.2 (…) elle avait été à douze ans servante de métayer, domestique de domestiques, ce qui s'appelle dans la Lande une gouge; et on l'obligeait à tenir dans chaque main, la main d'un enfant, et on attachait le nouveau-né sur son frêle dos : s'il pleurait, elle était battue (…)F. Mauriac, Génitrix, XII.
Encyclopédie Universelle. 2012.